Jean Zay à l’Escampette
Dimanche 6 octobre 2019 à 14h00 | Grande Rue Saint Michel | 31400 TOULOUSE
Les écrits de prison de Jean Zay seront donnés à l’Escampette, un lieu culturel éphémère situé dans l’ancienne prison Saint Michel à Toulouse, dans le cadre du projet mémoriel du Castelet
Le Castelet de l’ancienne prison Saint-Michel accueille du 7 septembre au 13 octobre un lieu culturel éphémère : l’Escampette.
Ouvert le week-end, ce lieu culturel éphémère propose en lien avec le Comité de Quartier Saint-Michel un ensemble de manifestations socio-culturelles :
– une exposition de photos signées Pierre Lasry présentant des portraits de personnes ayant connu la prison (juges, avocats, ex-détenus, résistants, surveillants, aumoniers…)
– une exposition de sculptures réalisées par Franck Koo, artiste détenu à la maison centrale de Lannemezan
– des animations : repas, dégustations, concerts, pièces de théâtre, lectures et ateliers d’écriture…
– des conférences pendant les Journées du patrimoine les 21 et 22 septembre
Programme en téléchargement ici (format.pdf)
Futur lieu de mémoire
Cette programmation s’inscrit dans le cadre du projet mémoriel du Castelet. En effet, celui-ci va devenir un lieu de mémoire. Cour d’entrée de l’ancienne prison, le Castelet abritait les bureaux de l’administration pénitentiaire, symbolisant ainsi le passage du monde extérieur vers les ailes de détention. Construite par l’architecte Jacques-Jean Esquié, la prison Saint-Michel a accueilli ses premiers détenus en 1872 et a fermé ses portes en 2009.
Démarrés en février dernier, les travaux d’aménagement de l’entrée et de la cour d’honneur se poursuivront jusqu’en mars 2020 pour une ouverture prévue en juin. Un parcours muséographique retracera l’histoire de la prison et témoignera du quotidien des prisonniers. Il présentera des portraits variés ( surveillants, assistants sociaux, infirmiers, avocats) permettant ainsi de comprendre la réalité du monde carcéral.
Le visiteur sera amené à s’interroger sur différentes thématiques : la condition de prisonnier, l’acte d’héroïsme, la solitude, la répression, la désobéissance, la dignité. En début d’année 2019, un appel lancé par le comité de quartier a permis de recueillir objets, photos, documents auprès des habitants confirmant l’attachement des Toulousains à ce lieu mémoriel, inscrit en 2011 aux Monuments historiques.
LES ÉCRITS DE PRISON DE JEAN ZAY
Lecture en public interprétée par Yves Mugler
Les écrits de prison de Jean Zay ont été rédigés au cours de sa captivité entre le 15 août 1940, jour de son arrestation et le 20 juin 1944, jour de son assassinat.
Dans un style puissant, lumineux et sensible, ils témoignent de sa force morale et de sa hauteur de vue.
Humaniste convaincu, il fut un homme brillant, dont les écrits et les paroles restent d’une pertinence absolue.
Une voix pour l’oublié
Une heure durant, Yves Mugler offre sa voix aux mots de Jean Zay. Pour une lecture de lettres et extraits de journal de bord d’un grand homme de l’histoire de France. Pourtant méconnu…
Une table de travail, quelques papiers épars et un homme. Universitaire, comédien ou ombre de Jean Zay. Un homme qui prête sa voix à ce politique que les manuels d’histoire oublient bien souvent. Député et ministre du Front Populaire, initiateur et défenseur de grands projets éducatifs et culturels, Jean Zay est loin d’occuper la place qu’il mérite dans la mémoire collective. La lecture qui nous est ici faite d’une sélection de lettres à son épouse et d’extraits de son journal de bord permet d’entrouvrir une porte sur sa grandeur.
Sa grandeur d’âme tout d’abord. Gardant confiance en la Justice malgré l’iniquité des tribunaux à son endroit. Ferme dans sa certitude d’oeuvrer pour le bien. Tel un phare qui devrait briller encore pour nous aujourd’hui. Grandeur politique ensuite, de celui qui a tant oeuvré pour l’accès à la culture et à l’éducation. Au point qu’on lui doit aujourd’hui encore tant de notre quotidien, sans même le savoir. Grandeur personnelle enfin, de cet individu qui refusa l’adversité et toujours crut en l’humain, malgré la petitesse des hommes.
Alors il est urgent d’écouter les mots que nous donne à entendre Yves Mugler. Tout en sobriété et retenue, il fait briller la flamme de l’espérance en un monde plus juste. Sans pathos ni effet déplacé. Un geste, une esquisse, un regard. Et une voix qui lit, vibre et porte les mots de Jean Zay. Comme pour mieux les laisser prendre toute leur place. Méritée.
Karine Prost (Rue du théâtre)