Le Baron perché


Dimanche 20 mai 2018 — 17h00

CENTRE SOCIO-CULTUREL | 26 Avenue de la Libération | 84150 JONQUIÈRES

entrée libre


Travail du texte : Agnès Bascou | Lecture : Yves Mugler | Musique : Théodora Carla, violon

L’histoire du Baron perché

Au cours d’un repas de famille dans les jardins du château, le jeune Côme refuse de manger ses escargots et grimpe dans l’arbre le plus proche. Ce caprice d’un moment devient la règle de conduite de toute sa vie. Il vivra donc désormais dans les arbres, y installera son lit, sa table, ses rencontres, ses amours. Un roman cocasse, plein d’humour et d’énergie et  un hymne joyeux à la liberté et à l’intelligence.

Caprice puéril, défi littéraire

Tout le roman du Baron perché part d’un défi puéril et impossible : un enfant de 12 ans, pour échapper à la colère paternelle, grimpe dans un arbre – comme dans une sorte de lieu d’asile – et décide de n’en jamais redescendre.

Calvino prend ainsi à la lettre le jeu de « Chat perché » ! et sans souci de réalisme, il pousse au plus loin les conséquences logiques et pratiques de ce défi initial. Il nous embarque avec lui dans ce jeu : – Possible ?  – Impossible ?  – Y arrivera ?  – N’y arrivera pas ? Ce suspense exige d’offrir à l’aventure une durée sans limite et le jeu partagé transforme l’impasse d’un caprice puéril en chemin de liberté.

Fantaisie, aventure… et philosophie

Ce ne sera donc pas une fuite, une évasion hors de la réalité ; pas non plus un enfermement buté dans une stupide tour d’ivoire, mais un apprentissage de la vie, une école de fermeté de caractère pour la conquête d’une vision du monde plus haute, plus large, plus généreuse.

Le départ plein de fantaisie prend alors aussi la dimension d’un conte philosophique. Calvino situe son roman au siècle des Lumières. L’esprit de ce siècle y étincelle à chaque page. Jamais Voltaire n’est cité, mais il est présent partout. Côme est une sorte de cousin latin de Candide, en plus résolu, plus entreprenant, mais comme lui et par d’autres voies, il questionne le monde et le  renouvelle.

Grimper  dans les arbres, s’élever au-dessus du sol, c’est échapper aux pesanteurs, aux conventions, familiales, sociales, à tous les jeux convenus. Côme change de place. De là-haut, il voit autrement, il voit mieux le pays et ses habitants, il voit tout. – Ne convient-il pas, bien souvent, de prendre du recul pour mieux voir ? – Cette distance abolit les limites, les frontières usuelles : plus de mur infranchissable désormais entre les Rivalonde et les Laverse du Rondeau, entre Côme et Violette, plus de séparation entre nobles et paysans et le fils du Baron s’honore de connaître un chef de brigands… L’espace des arbres est a-politique, il est universel. Ce pourrait être celui d’un république idéale, libre, égale et fraternelle ?

© Texte : Bonheurs de lecture